jeudi 13 juin 2013

Camus Proust et Duras : questions de Corpus


Avant les questions de corpus : quelques conseils !
Donnez-vous un temps limité pour y répondre (1H15 sur les 4h) car cela vaut 4 Pts en S et 6 en STMG : c'est important mais tout de même moins que les points à gagner pour le sujet d'écriture.

Rappelez vous de traiter de façon comparée les textes, au moins en intro et en conclusion. Vous pouvez en regrouper 2 sur 3 qui vont mieux ensemble.

Enfin, si un texte est très difficile à comprendre (ici Proust à cause des longues phrases) relisez-le tranquillement avec la consigne du corpus à l'esprit et appuyez vos réponses sur les 2 autres textes, sans oublier quand même d'utiliser un peu Proust.

Corrigé Questions de corpus
Proposition d'introduction

(pensez à l'alinéa!) (Même si Montaigne a initié le projet d'écrire sur soi dès le XVIème siècle et la naissance du français moderne), c'est au Xxème siècle qu'a explosé l'écriture du « je », qu'elle soit fictionnelle, autobiographique ou autofiction. Les trois textes de ce corpus appartiennent au siècle dernier ; d'abord Proust a écrit Du côté de chez Swann, premier tome d'A la recherche du temps perdu, au début du Xxème, puis Albert Camus est l'auteur du roman L'étranger en 1942. Enfin Marguerite Duras a publié en 1984 L'amant, primé par le Goncourt.
Qu'apprend-on du protagoniste dans la première page, lorsqu'il s'exprime avec « je » ? Nous verrons ce que le narrateur dit de lui mais aussi ce que la forme de son texte dévoile de sa manière de concevoir le temps.
(pour les questions de corpus, on peut aussi faire une intro plus courte sans le violet et ne pas annoncer son plan à condition de respecter un plan)

On peut aussi tout simplement utiliser la consigne (comparez ce que l'on apprend d'eux et les limites... ) comme plan en 3 parties : l'autoportrait physique, l'autoportrait psychologique et les limites de l'expression à la première personne : le rôle du temps

Pour le développement :

EN VRAC / idées pour le développement à lister au brouillon par texte :
Texte A
je enfantin « maman est morte » contrastant avec l'officiel « mère décédée »
vit à Alger comme l'auteur

pas de prise de conscience de la mort : « comme si maman n'était pas morte »
sensible aux sensations désagréables du monde extérieur « Il faisait très chaud » ou « j'étais un peu étourdi »

en revanche incapable de relation avec les autres : contact avec le directeur « il m'a serré la main que j'ai gardé si longtemps que je ne savais trop comment la retirer ». ou pas de relation avec sa mère « cela me prenait mon dimanche »

je pauvre « vous ne pouviez subvenir à ses besoins » « vos salaires sont modestes ».

Texte B je enfant « couché de bonne heure » mais milieu riche « les domestiques seront levés »
sensible à des sensations agréables « j'appuyais tendrement mes joues contre les belles joues de l'oreiller »

Un je qui appartient au passé «la pensée qu' il était temps de chercher le sommeil m'éveillait » ce paradoxe est doublé par l'impression de faire revivre ce passé : « C'est minuit » présent de narration

Un je très conscient de tout « ouvrir les yeux » « lueur momentanée de conscience » qui fabrique un monde par les livres et en même temps s'identifie aux livres « j'étais moi-même ce dont parlait l'ouvrage ».

Texte C :
un je qui communique avec l'autre (discours direct) « je pense souvent à cette image » et garde mémoire de ses rencontres

un je qui se décrit physiquement de 2 façons (alors qu'on ne sait rien du physique des 2 premiers. Au contraire, ici la description détaille toutes les mutations d'un vieillissement précoce « cassures profondes » « un visage lacéré de rides sèches »

Une épaisseur temporelle dès l'incipit par un aller-retour entre le passé proche « Un jour, j'étais âgée déjà », le présent « je pense souvent » et le passé lointain « très vite dans ma vie il a été trop tard »

Un « je » qui s'accepte « Il a été mon visage » mais comme un objet d'étude.

Maintenant que j'ai mes idées par texte, je les rassemble en les triant dans mes parties : attention il ne s'agit pas de faire 3 commentaires composés, donc utilisez les 3 textes mais ne cherchez pas à tout expliquer.

Développement :
        Chacun des textes ne nous livre pas forcément un portrait très complet . La description physique est suggérée juste par la période de l'enfance chez Proust mais sans détail ; on le déduit de la première phrase« couché de bonne heure ». En revanche jeunesse ou vieillesse chez M. Duras sont très détaillées. La narratrice est un  « je » qui se décrit physiquement de 2 façons (alors qu'on ne sait rien du physique des 2 premiers). Au contraire, ici la description détaille toutes les mutations d'un vieillissement précoce : « cassures profondes » révèlent « un visage lacéré de rides sèches ». Pas de portrait moral explicite, cependant la narratrice communique avec l'autre dont elle rapporte le discours direct, gardant la mémoire de ses rencontres  « je pense souvent à cette image ».

Dans l'incipit Du côté de chez Swann, c'est le portrait psychologique qui est analysé avec la même précision que les rides chez Duras. Le personnage-narrateur interne est très conscient de tout, dès l'enfance, il veut :« ouvrir les yeux » et cherche cette « lueur momentanée de conscience ». Le protagoniste se fabrique un monde par les livres et en même temps s'identifie aux livres « j'étais moi-même ce dont parlait l'ouvrage ». A son tour, en racontant son enfance, il devient la matière de son ouvrage.
Le héros de l'étranger n'est plus un enfant même si le choix de ses mots est presque enfantin : « maman est morte » contraste avec l'officiel « mère décédée » .
Il ne paraît pas non plus adulte car il n'a pas de prise de conscience de la mort : « comme si maman n'était pas morte ». Si on ne connaît ni son corps ni ses sentiments, la narration nous souligne sa sensiblité aux sensations désagréables du monde extérieur par : « Il faisait très chaud » ou « j'étais un peu étourdi ».

Ainsi, les protagonistes nous sont bien présentés par ces incipits mais sous des aspects différents. La notion de temps provoque aussi ses variations. Le héros de Camus vit dans le présent. Sa pauvreté peut expliquer cette vie au jour le jour « vous ne pouviez subvenir à ses besoins » « vos salaires sont modestes », nous apprend le dialogue avec le directeur.
Mais au delà de cette explication, il semble peu doué pour les relations avec les autres. Ainsi, il est mal à l'aise dans le contact avec le directeur « il m'a serré la main que j'ai gardé si longtemps que je ne savais trop comment la retirer ». Il avait aussi coupé ses relations avec sa mère « cela me prenait mon dimanche », essentiellement par égocentrisme.
Le héros de Proust revit son passé jusqu'à le rendre présent : en effet, en évoquant son « je » passé ; «la pensée qu' il était temps de chercher le sommeil m'éveillait », il lui permet paradoxalement revivre ce passé : « C'est minuit » est un présent de narration qui confond le temps du récit et celui de l'énonciation. C'est vrai que son passé évoque des moments de bonheur « j'appuyais tendrement mes joues contre les belles joues de l'oreiller » et une aisance matérielle : « les domestiques seront levés ».


On arrive à la conclusion ! Je reprends la question du sujet en lui apportant la réponse de chaque texte.

          Selon le roman étudié, le portrait du protagoniste est plus ou moins complet, Duras privilégiant son physique dans cette page, "je" est sujet de la phrase mais objet d'étude. Proust lui décrit les mouvements de sa pensée. Ces deux personnages inspirés de leur autobiographie contrastent avec le protagoniste de L'étranger pourtant du pays natal de Camus, davantage masqué par des évènements qui dès l'incipit, l'accablent.

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