Avant les questions de
corpus : quelques conseils !
Donnez-vous
un temps limité pour y répondre (1H15 sur les 4h) car cela vaut 4
Pts en S et 6 en STMG : c'est important mais tout de même moins
que les points à gagner pour le sujet d'écriture.
Rappelez vous de traiter
de façon comparée les textes, au moins en intro et en conclusion.
Vous pouvez en regrouper 2 sur 3 qui vont mieux ensemble.
Enfin, si un texte est
très difficile à comprendre (ici Proust à cause des longues
phrases) relisez-le tranquillement avec la consigne du corpus à
l'esprit et appuyez vos réponses sur les 2 autres textes, sans
oublier quand même d'utiliser un peu Proust.
Corrigé
Questions de corpus
Proposition
d'introduction
(pensez
à l'alinéa!) (Même
si Montaigne a initié le projet d'écrire sur soi dès le XVIème
siècle et la naissance du français moderne),
c'est au Xxème siècle qu'a explosé l'écriture du « je »,
qu'elle soit fictionnelle, autobiographique ou autofiction. Les trois
textes de ce corpus appartiennent au siècle dernier ; d'abord
Proust a écrit Du côté de chez Swann,
premier
tome d'A
la recherche du temps perdu, au
début du Xxème, puis Albert Camus est l'auteur du roman L'étranger
en 1942.
Enfin
Marguerite Duras a publié en 1984 L'amant,
primé
par le Goncourt.
Qu'apprend-on
du protagoniste dans la première page, lorsqu'il s'exprime avec
« je » ? Nous verrons ce
que le narrateur dit de lui
mais aussi ce que la forme de
son texte dévoile
de sa manière de concevoir le temps.
(pour
les questions de corpus, on peut aussi faire une intro plus
courte sans le violet et ne pas annoncer son plan à condition
de respecter un plan)
On
peut aussi tout simplement utiliser la consigne (comparez
ce que l'on apprend
d'eux
et les limites... )
comme plan en 3 parties : l'autoportrait physique,
l'autoportrait psychologique et les limites de l'expression à la
première personne : le rôle du temps
Pour
le développement :
EN VRAC / idées
pour le développement à lister au brouillon
par texte :
Texte
A
je
enfantin « maman est morte » contrastant avec l'officiel
« mère décédée »
vit
à Alger comme l'auteur
pas
de prise de conscience de la mort : « comme si maman
n'était pas morte »
sensible
aux sensations désagréables du monde extérieur « Il faisait
très chaud » ou « j'étais un peu étourdi »
en
revanche incapable de relation avec les autres : contact avec le
directeur « il m'a serré la main que j'ai gardé si longtemps
que je ne savais trop comment la retirer ». ou pas de relation
avec sa mère « cela me prenait mon dimanche »
je
pauvre « vous ne pouviez subvenir à ses besoins » « vos
salaires sont modestes ».
Texte
B je enfant « couché de bonne heure » mais milieu riche
« les domestiques seront levés »
sensible
à des sensations agréables « j'appuyais tendrement mes joues
contre les belles joues de l'oreiller »
Un
je qui appartient au passé «la pensée qu' il était temps de
chercher le sommeil m'éveillait » ce paradoxe est doublé par
l'impression de faire revivre ce passé : « C'est minuit »
présent de narration
Un
je très conscient de tout « ouvrir les yeux » « lueur
momentanée de conscience » qui fabrique un monde par les
livres et en même temps s'identifie aux livres « j'étais
moi-même ce dont parlait l'ouvrage ».
Texte
C :
un
je qui communique avec l'autre (discours direct) « je pense
souvent à cette image » et garde mémoire de ses rencontres
un
je qui se décrit physiquement de 2 façons (alors qu'on ne sait rien
du physique des 2 premiers. Au contraire, ici la description détaille
toutes les mutations d'un vieillissement précoce « cassures
profondes » « un visage lacéré de rides sèches »
Une
épaisseur temporelle dès l'incipit par un aller-retour entre le
passé proche « Un jour, j'étais âgée déjà », le
présent « je pense souvent » et le passé lointain
« très vite dans ma vie il a été trop tard »
Un
« je » qui s'accepte « Il a été mon visage »
mais comme un objet d'étude.
Maintenant
que j'ai mes idées par texte, je les rassemble en les triant dans
mes parties : attention il ne s'agit pas de faire 3 commentaires
composés, donc utilisez les 3 textes mais ne cherchez pas à tout
expliquer.
Développement :
Chacun
des textes ne nous livre pas forcément un portrait très complet .
La description physique est suggérée juste par la période de
l'enfance chez Proust mais sans détail ; on le déduit de la
première phrase« couché de bonne heure ». En revanche
jeunesse ou vieillesse chez M. Duras sont très détaillées. La
narratrice est un « je » qui se décrit
physiquement de 2 façons (alors qu'on ne sait rien du physique des 2
premiers). Au contraire, ici la description détaille toutes les
mutations d'un vieillissement précoce : « cassures
profondes » révèlent « un visage lacéré de rides
sèches ». Pas de portrait moral explicite, cependant la
narratrice communique avec l'autre dont elle rapporte le discours
direct, gardant la mémoire de ses rencontres « je pense
souvent à cette image ».
Dans
l'incipit Du
côté de chez Swann,
c'est le portrait psychologique qui est analysé avec la même
précision que les rides chez Duras. Le personnage-narrateur interne
est très
conscient de tout, dès l'enfance, il veut :« ouvrir les
yeux » et cherche cette « lueur momentanée de
conscience ». Le protagoniste se fabrique un monde par les
livres et en même temps s'identifie aux livres « j'étais
moi-même ce dont parlait l'ouvrage ». A son tour, en racontant
son enfance, il devient la matière de son ouvrage.
Le héros de l'étranger n'est
plus un enfant même si le choix de ses mots est presque enfantin :
« maman est morte » contraste avec l'officiel « mère
décédée » .
Il ne paraît pas non plus adulte
car il n'a pas de prise de conscience de la mort : « comme
si maman n'était pas morte ». Si on ne connaît ni son corps
ni ses sentiments, la narration nous souligne sa sensiblité aux
sensations désagréables du monde extérieur par : « Il
faisait très chaud » ou « j'étais un peu étourdi ».
Ainsi, les protagonistes nous
sont bien présentés par ces incipits mais sous des aspects
différents. La notion de temps provoque aussi ses variations. Le
héros de Camus vit dans le présent. Sa pauvreté peut expliquer
cette vie au jour le jour « vous ne pouviez subvenir à
ses besoins » « vos salaires sont modestes », nous
apprend le dialogue avec le directeur.
Mais au delà de cette
explication, il semble peu doué pour les relations avec les autres.
Ainsi, il est mal à l'aise dans le contact avec le directeur « il m'a serré
la main que j'ai gardé si longtemps que je ne savais trop comment la
retirer ». Il avait aussi coupé ses relations avec sa mère
« cela me prenait mon dimanche », essentiellement par
égocentrisme.
Le héros de Proust revit son
passé jusqu'à le rendre présent : en effet, en évoquant son
« je » passé ; «la pensée qu' il
était temps de chercher le sommeil m'éveillait », il lui
permet paradoxalement revivre ce passé : « C'est minuit »
est un présent de narration qui confond le temps du récit et celui
de l'énonciation. C'est vrai que son passé évoque des moments de
bonheur « j'appuyais tendrement mes joues contre les belles
joues de l'oreiller » et une aisance matérielle : « les
domestiques seront levés ».
On arrive à la conclusion !
Je reprends la question du sujet en lui apportant la réponse de
chaque texte.
Selon le roman étudié, le portrait du
protagoniste est plus ou moins complet, Duras privilégiant son
physique dans cette page, "je" est sujet de la phrase mais objet d'étude.
Proust lui décrit les mouvements de sa pensée. Ces deux personnages
inspirés de leur autobiographie contrastent avec le protagoniste de
L'étranger pourtant du pays natal de Camus, davantage masqué par
des évènements qui dès l'incipit, l'accablent.
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