mardi 17 mars 2020

A toute Vitesse BTS 1/2

Rappel des thèmes 2021 : (et 2020)

Voici un film génial  (bande-annonce) qui parle de vitesse (et de musique le thème de 2021).
Vous pouvez le regarder en entier si vous avez Netflix. Sinon, voici des extraits : la répétition du groupe. et la scène finale en 2 parties

Whiplash est un film réalisé par Damien Chazelle en 2014.

Attention le lien ci-dessous vous raconte le film en entier ; donc à ne regarder que si vous ne voulez pas voir le film....

Analyse d'un plan du film


BTS2 Ce film peut être utilisé pour le sujet de BTS 2020 /2021 :
Seuls avec tous : 
 La pression du collectif et de la norme laissent-elles encore une place à la singularité des goûts musicaux  et de l'interprétation du musicien soliste ?

Quels liens unissent le maître et l'élève ? Le thème de la solitude est-il traité dans ce film et comment ?

BTS 1 et 2 Ce film peut être utilisé pour le sujet de BTS 2020 /2021 :

A toute vitesse :
"La vitesse et l'intensité ont toujours été associées à des vies fulgurantes et exceptionnelles. certains choisissent de vivre vite et pleinement, quitte à mettre leur existence en danger. La lenteur semble être dévalorisée. Cependant de multiples activités humaines nécessitent patience et longueur de temps. Comment trouver le bon tempo, le rythme qui convient ? " Extrait du programme officiel.  Répondez à ces questions en utilisant des exemples du film

BTS1 Ce film peut aussi être utilisé pour le sujet de BTS 2021 :

 De la musique avant toute chose  ?
"La musique est un art exigeant, qui demande habileté technique et connaissances théoriques. Elle impose souvent une formation longue, difficile, parfois même éprouvante, puis un entraînement sans fin. 
(...) Il arrive aussi qu'elle agresse et provoque des réactions de rejet et d'exaspération. (...) Doit-on alors l'appréhender comme un art essentiellement fédérateur ? La mode, la pression du collectif et de la norme laissent-elles encore une place à la singularité des goûts musicaux ?"
Extrait" du programme officiel.  Répondez à ces questions en utilisant des exemples du film Vous développerez les arguments proposés en les accompagnant d'un exemple pris dans le film à chaque fois.

lundi 8 janvier 2018

Une dissertation sur le théâtre

Préambule :
la dissertation ressemble en bien des points à d'autres exercices que vous connaissez :
nécessité d'organiser son devoir en introduction, développement et conclusion
la technique de l'introduction avec 3 étapes :amorce du thème abordé, une problématique liée à la question posée en consigne et l'annonce d'un plan en 2 ou 3 parties
enfin, la mise en place d'une argumentation solide avec des arguments justifiés (et non des opinions ou des affirmations gratuites) accompagnés d'exemples variés !

Question N°1 : à quoi ressemblent les sujets de dissertation ?
Sujets G
Le personnage romanesque dans Le Rouge et le Noir se construit-il exclusivement par son rapport à la réalité ? Vous appuierez votre réflexion sur le roman de Stendhal, sur les oeuvres que vous avez étudiées en parcours associé ou sur vos lectures personnelles.


 La poésie d'Apollinaire n'a -t-elle vocation qu'à célébrer la modernité ? Vous répondrez à cette question en vous fondant sur votre étude d'Alcools ainsi que sur les textes et les oeuvres que vous avez étudiées dans le cadre du parcours associé:  Modernité poétique ?

 Dans le roman La princesse de Clèves, la description des lieux environnant les personnages a-t-elle pour seule fonction de traduire les sentiments des personnages ou de montrer le poids de la société sur l'individu ? Vous répondrez à cette question en vous aidant d'exemples tirés du roman de Mme de La Fayette et de vos connaissances personnelles liées aux textes du parcours associé Individu et société.


Le rôle du poète est-il seulement de faire rêver le lecteur ?
Vous appuierez votre réflexion sur les textes du corpus, sur les oeuvres que vous avez étudiées en classe et sur vos lectures personnelles.

Remarque N°1 : vous remarquez que la consigne a 2 parties, qu'elle est liée à un objet d'étude précis (ici la poésie ou le personnage de roman ou l'argumentation) et que la seconde partie du sujet vous donne des pistes pour trouver vos idées et vos exemples.

Question n°2 : Où vais-je trouver la matière de la réponse ?
Comme le dit le sujet, vous devez utiliser votre connaissance de l'année grâce aux textes du corpus : oeuvre intégrale, lecture cursive, textes du parcours (lectures linéaires) et toutes vos connaissances issues des cours de français de première, de seconde ou même de votre culture personnelle...

Question n°3 : le programme de seconde aussi ?

Oui, par exemple pour le théâtre. Au XVIIe siècle, le théâtre classique français va poser les jalons de définitions dramatiques concernant la comédie et la tragédie, héritage de l'Antiquité mais aussi conception rigoureuse, soumise à des règles.
La bienséance et la vraisemblance.
La règle des 3 unités (lieu, temps et action principale de l'intrigue)

Pourtant, même au temps de Molière, les querelles existent pour définir ce que peut ou doit montrer une comédie. Et pour débattre des particularités et des difficultés des pièces dites "sérieuses" comparées aux pièces dites comiques...

Preuve par l'exemple !
(merci au site Tout Molière pour les liens "hypertextuels")


Molière : La Critique de L’École des femmes


Extrait de la scène 3

URANIE.- L’honnêteté d’une femme n’est pas dans les grimaces. Il sied mal de vouloir être plus sage, que celles qui sont sages. L’affectation en cette matière est pire qu’en toute autre ; et je ne vois rien de si ridicule, que cette délicatesse d’honneur, qui prend tout en mauvaise part ; donne un sens criminel aux plus innocentes paroles ; et s’offense de l’ombre des choses. Croyez-moi, celles qui font tant de façons, n’en sont pas estimées plus femmes de bien. Au contraire, leur sévérité mystérieuse, et leurs grimaces affectées irritent la censure de tout le monde, contre les actions de leur vie. On est ravi de découvrir ce qu’il y peut avoir à redire ; et pour tomber dans l’exemple, il y avait l’autre jour des femmes à cette comédie, vis-à-vis de la loge où nous étions, qui par les mines qu’elles affectèrent durant toute la pièce ; leurs détournements de tête ; et leurs cachements de visage, firent dire de tous côtés cent sottises de leur conduite, que l’on n’aurait pas dites sans cela ; et quelqu’un même des laquais cria tout haut, qu’elles étaient plus chastes des oreilles que de tout le reste du corps.


CLIMÈNE.- Enfin il faut être aveugle dans cette pièce, et ne pas faire semblant d’y voir les choses.


URANIE.- Il ne faut pas y vouloir voir ce qui n’y est pas.


CLIMÈNE.- Ah ! je soutiens, encore un coup, que les saletés y crèvent les yeux.


URANIE.- Et moi, je ne demeure pas d’accord de cela.


CLIMÈNE.- Quoi la pudeur n’est pas visiblement blessée par ce que dit Agnès dans l’endroit dont nous parlons ?


URANIE.- Non, vraiment. Elle ne dit pas un mot, qui de soi ne soit fort honnête ; et si vous voulez entendre dessous quelque autre chose, c’est vous qui faites l’ordure, et non pas elle ; puisqu’elle parle seulement d’un ruban qu’on lui a pris.


URANIE.- Ah ! voici l’auteur, Monsieur Lysidas : il vient tout à propos, pour cette matière. Monsieur Lysidas ; prenez un siège vous-même, et vous mettez là. (...)






SCÈNE VI LYSIDAS.- Madame ; je viens un peu tard ; mais il m’a fallu lire ma pièce chez Madame la Marquise, dont je vous avais parlé ; et les louanges, qui lui ont été données, m’ont retenu une heure, plus que je ne croyais.


ÉLISE.- C’est un grand charme que les louanges pour arrêter un auteur.


URANIE.- Asseyez-vous donc, Monsieur Lysidas ; nous lirons votre pièce après souper. (...)


LYSIDAS.- Ce n’est pas ma coutume de rien blâmer, et je suis assez indulgent pour les ouvrages des autres. Mais enfin, sans choquer l’amitié que Monsieur le Chevalier témoigne pour l’auteur, on m’avouera que ces sortes de comédies ne sont pas proprement des comédies, et qu’il y a une grande différence de toutes ces bagatelles, à la beauté des pièces sérieuses. (...) Je vous avoue que le cœur m’en saigne quelquefois, et cela est honteux pour la France.


CLIMÈNE.- Il est vrai que le goût des gens est étrangement gâté là-dessus, et que le siècle s’encanaille furieusement.


ÉLISE.- Celui-là est joli encore, s’encanaille. Est-ce vous qui l’avez inventé, Madame ?


CLIMÈNE.- Hé !


ÉLISE.- Je m’en suis bien doutée.


DORANTE.- Vous croyez donc, Monsieur Lysidas, que tout l’esprit et toute la beauté sont dans les poèmes sérieux, et que les pièces comiques sont des niaiseries qui ne méritent aucune louange ?


URANIE.- Ce n’est pas mon sentiment, pour moi. La tragédie, sans doute, est quelque chose de beau quand elle est bien touchée ; mais la comédie a ses charmes, et je tiens que l’une n’est pas moins difficile à faire que l’autre.



DORANTE.- Assurément, Madame, et quand, pour la difficulté, vous mettriez un plus du côté de la comédie, peut-être que vous ne vous abuseriez pas. Car enfin, je trouve qu’il est bien plus aisé de se guinder sur de grands sentiments, de braver en vers la Fortune, accuser les Destins, et dire des injures aux dieux, que d’entrer comme il faut dans le ridicule des hommes, et de rendre agréablement sur le théâtre les défauts de tout le monde. Lorsque vous peignez des héros, vous faites ce que vous voulez ; ce sont des portraits à plaisir, où l’on ne cherche point de ressemblance ; et vous n’avez qu’à suivre les traits d’une imagination qui se donne l’essor, et qui souvent laisse le vrai pour attraper le merveilleux. Mais lorsque vous peignez les hommes, il faut peindre d’après nature ; on veut que ces portraits ressemblent ; et vous n’avez rien fait si vous n’y faites reconnaître les gens de votre siècle. En un mot, dans les pièces sérieuses, il suffit, pour n’être point blâmé, de dire des choses qui soient de bon sens, et bien écrites : mais ce n’est pas assez dans les autres ; il y faut plaisanter ; et c’est une étrange entreprise que celle de faire rire les honnêtes gens.


lundi 25 septembre 2017

2nde/ 1ère : Ariane et Molière : mettre des images sur les formes théâtrales du XVIIe siècle

Voici quelques extraits du film d'Ariane Mnouchkine (1978) sur la vie de Molière.



D'abord la vie de la troupe itinérante dans les provinces françaises ; on trouve l'héritage de la commedia dell'arte et ses tréteaux.


Bien loin de ses débuts, Molière à Versailles, sur la musique de Lulli.


Enfin, ce dernier extrait du film Cyrano de Bergerac montre un théâtre du XVIIe siècle avec un acteur, Montfleury, jouant la tragédie en se "guindant" dans ses grands sentiments, pour reprendre l'expression de La critique de l'école des femmes.

jeudi 26 mai 2016

Ressenti ... sans ressentiment

Dédicace à toutes les mères qui n'ont pas besoin de la fête des mères !



Lorsque nous commençons à travailler des oeuvres poétiques en classe, il vient assez rapidement dans le vocabulaire : de mon côté la notion de lyrisme, du côté de la classe le mot "Ressenti".

Qu'est-ce que le lyrisme ? 

Un subtil cocktail    d'expression de soi-même (subjectivité du locuteur parlant de lui avec je ou de toi ou de nous)
mélangé à l'expression de la musicalité (par le thème de la musique ou les sonorités des mots et les rythmes  des phrases et des vers)

Ainsi trouve-t-on des textes de prose ou de poésie lyriques, à différentes époques.

Qu'est-ce que le ressenti dans le "dico"?
étrange nom commun qui n'existait pas dans les dictionnaires avant les années 80, sauf pour le participe passé du verbe "ressentir".

Qu'est-ce que le ressenti dans le langage des "élèves" ?

"mon ressenti" pour dire : mon sentiment ou mon émotion ou encore mes sensations, autrement dit un mot fourre-tout dans lequel le corps, le coeur et la raison réagissent, interagissent sans distinction consciente....

Jusque là, je préférais conseiller aux élèves de remplacer le mot "ressenti" par le terme le plus précis correspondant : "mon sentiment" ou "la sensation" ou "mon opinion", selon leur propos.

Désormais, je peux leur conseiller d'écouter cet écrivain-comédien ici orateur engagé ET en même temps autobiographe de lui-même et de notre époque :

Jacques Gamblin au parlement des écrivains commence par la distinction entre le réel et le ressenti "rebelle". Cette vidéo dure plus de 20 mn :  écoutez les 2 premières ! enfin, vous vous ferez une idée plus précise de la définition du mot RESSENTI. Grâce à la météo et à la politique !
Vous écouterez les 5 premières minutes, et vous entendrez de la poésie.
Et si vous poursuivez ce discours de Jacques Gamblin, vous trouverez des pépites de poésie et des coups de "gueule", du surréalisme ou des exemples et des arguments aussi sur le thème de la Question de l'homme, des souvenirs humoristiques sur la société de consommation.

Bref dégustez-en un petit bout ou grignotez entièrement cette vidéo et écrivez en commentaire... votre ressenti.

mardi 10 mai 2016

Les Rythmes : entre poésie et histoire

A écouter
Forêt de Piton Fougères



 Une émission de France inter sur la marche de l'Histoire


Comment le sens de "rythme", d'abord associé à la poésie et à l'organisation des mots parlés ou chantés, va peu à peu se confronter aux heures solaires (ou stellaires) puis à la mesure du temps qui est aussi celle d'un pouvoir politique, religieux, économique...

« Les Rythmes » de Léon Dierx , poète né à La Réunion et mort à Paris, extrait du recueil Les lèvres closes (1867)

Rythme des robes fascinantes,
Qui vont traînantes,
Balayant les parfums au vent,
Ou qu'au-dessus des jupes blanches
Un pas savant
Balance et gonfle autour des hanches !

Arbres bercés d'un souffle frais
Dans les forêts,
Où, ruisselant des palmes lisses,
Tombent des pleurs cristallisés
Dans les calices
Roses encor de longs baisers !

Soupir des mers impérissable,
Qui sur le sable,
Dans l'écume et dans les flots bleus
Pousses l'amas des coquillages ;
Flux onduleux
Des lourdes lames vers les plages !

Air plaintif d'instruments en choeur
Qui prends le coeur,
Et, traversant la symphonie,
Viens ou pars, sonore ou noyé
Dans l'harmonie,
Et renais sourd ou déployé !

Hivers, printemps, étés, automnes,
Jours monotones,
Souvenirs toujours rajeunis ;
Mêmes rêves à tire d'ailes,
Loin de leurs nids
Tourmentés de douleurs fidèles !

Vous m'emplissez de désirs fous,
Je bois en vous
La soif ardente des mirages,
Reflets d'un monde harmonieux !
Et vos images
Se mêlent toutes en mes yeux :

Rythme lent des robes flottantes,
Forêts chantantes,
Houles des mers, lointaines voix,
Airs obsédants des symphonies,
Jours d'autrefois,
Ô vous, extases infinies !

En guise de dessert, un album d'images d'art sur le rythme de la danse !

vendredi 29 avril 2016

Biocalligramme d'Apollinaire

« Bergère ô tour Eiffel1 le troupeau des ponts2 bêle ce matin »
(extrait de « Zone », dans Alcools)



b
i
o
Ses
Amours :
Marie
Lou
Annie
« le mal-aimé »
épouse
Jacqueline
en 1918
Marie Laurencin,
maîtresse et peintre
Il crée Calligrammes 
durant la période
sous les drapeaux 1914-18
Blessure de guerre3
trépané : « la tête étoilée »
Il crée le mot surréaliste (1918)
SES AMIS écrivains :
Blaise CENDRARS suggère
de supprimer la ponctuation
dans le recueil Alcools (1913)
poèmes du XIXe et XXe S
CERCLE D'ARTISTES :
PICASSO CUBISME
Douanier Rousseau ART NAÏF
1916, est naturalisé
1900, monte à PARIS
Guillaume             Apollinaire
Étudie                                      Échoue
A NICE                                              Au BAC
Mère                                                        Père
Polonaise !                                                      italien ?
« Femme galante »                                             Inconnu, reconnu ?
Né En 1880                                                       Mort En 1918
A ROME !                                                                         A PARIS...
1Construite entre 1887 et 1889
2« Le pont Mirabeau » est le plus célèbre des poèmes du recueil Alcools

3On dit qu'il est mort pour la France mais c'est la grippe espagnole (pandémie entre 1918 et 1919, y compris à La Réunion, voir la BD La grippe coloniale) qui l'a achevé, sa blessure d'obus à la tête l'ayant affaibli.

La mandoline l'oeillet et le bambou, Guillaume Apollinaire

Objectif : Expliquer un calligramme (La mandoline l'oeillet et le bambou)
« idéogrammes lyriques » puis « calligramme » kallos (beau) et gramma (lettre) en grec

Les origines d'un calligramme : La dive bouteille de Rabelais (XVIe) est un texte écrit en forme de bouteille par celui qui créa les géants Pantagruel ou Gargantua.




Dans quel contexte Apollinaire écrivait-il au début du XXe siècle ? ? Les impressionnistes (peintres de l'époque) étaient fascinés par le Japon : pays où des gravures, les estampes, intégrent dans le dessin des idéogrammes ou calligraphies.
Comme prolongements orientalistes, vous pouvez citer un poète français de la même époque que « Guillaume » :
Paul Claudel Cent phrases pour éventails
Voici des citations de lui : « quelques mots débarrassés du harnais de la syntaxe et rejoints à travers le blanc par leur seule simultanéité » (préface de 1941)
« M est la mer, la montagne, la main, la mesure, l'âme, l'identité. Et si de toutes ces boucles et barres ajoutées nous formons un mot, quel idéogramme plus parfait que cœur, œil, sœur, même, soi, rêve, pied, toit, etc. ? Le mot chez nous qui signifie acquis par le mouvement est un ensemble obtenu par une succession. Il vibre encore, il émane encore dans cet arrêt du blanc qui le limite, l'allure de la main qui l'a tracé. »
« Le poète n'est plus seulement l'auteur, mais, comme le peintre, le spectateur et le critique de son oeuvre »



La mandoline l'oeillet et le bambou

Poème de la partie Etendards (après « La petite Auto ») guerre déjà déclarée (p. 198 du recueil éditions Pocket). L'étendard est un drapeau qui peut être associé à une patrie ou un emblème personnel. Justement ces 3 objets semblent être le blason, le symbole du poète.

Problématique possible pour tous les calligrammes :
La forme du poème-image coïncide-t-elle toujours avec le(ur) sens ?

Les mots clés de cette problématique sont la forme et le sens : surtout n'en séparez pas l'étude. Vos axes de lecture analytiques pourraient être :
Axe 1 :
lorsque forme et sens se font écho
Axe 2 :
désaccords (discordances) entre sens et forme
* 3 objets :
Le titre annonce 3 éléments disposés dans le sens de lecture classique : de gauche à droite et de haut en bas mais l'inclinaison du bambou forme un triangle qui peut nous faire revenir au début dans le sens des aiguilles d'une montre. (c'est aussi le sens de lecture du corps de la mandoline)


L'échelle n'est pas respectée et la fleur semble disproportionnée par rapport à l'instrument.
Le poème le plus simple à lire est celui de l'oeillet, disposé à la verticale. (ici l'image est la version manuscrite mais dans la version imprimée c'est le bambou qui est horizontal ; du même coup, l'oeillet est en diagonale)
Dans le texte on trouve en tête le mot oeillet et le mot odeurs justement dans le calice de la fleur.
Au contraire le bambou et la mandoline ne sont pas nommés à l'intérieur du calligramme. En revanche on apprend que le bambou est en fait une « pipe » (à opium?) avec son « fourneau » et ses « odeurs » (comme la fleur) et les 3 O dessinent les nœuds du bois aussi bien que 3 ronds de fumée.


Enfin, l'instrument de musique est perceptible par le sens de l'ouïe : «  LE SON TRAVERSE la vérité » et il y a un jeu de mots sur l'homonyme : « comme une âme délire » car l'âme est une partie d'un violon et on pense aussi à la lyre, symbole de la poésie.
* 3 symboles du poète :
le lyrisme est l'expression de soi en poésie mais aussi la musicalité, l'association de sensations et de sentiments.
Tout d'abord, dans le langage des fleurs, l'oeillet est le symbole des poètes. Le pronom personnel « je » nous invite aussi à lire le dessin comme un personnage. Dans la tête de la fleur, il y a le mot « cerveaux » et « subtiles » associés à l'esprit. Dans la tige de la fleur, on trouve des mots associés au corporel « nez » et « organes » mais cela se termine par une notion abstraite : « sagesse »


La mandoline fait penser à la poésie du Moyen Age accompagnée d'instruments à cordes et la pipe à opium aux habitudes de certains poètes « maudits » du XIXe comme Baudelaire qui d'ailleurs a écrit un sonnet sur la pipe.
Lorsqu'on lit les vers composant le bambou, on peut comprendre de multiples façons les ronds tels un « univers » ou les maillons de la « chaîne » « déliées » ou son contraire « lient ».


Le fourneau et le verbe « forgent » nous mettent au cœur de la fabrication d'un poème objet (cf le dieu forgeron Héphaïstos forgeant un « trône » d'or et créateur d'objets magiques)


Or l'objet mandoline nous force à changer notre lecture du poème dans le contexte de la guerre :
« batailles » « comme la balle traverse le corps ». L'instrument de musique devient symboliquement un corps (ou une tête) transpercé par la ligne du manche « la terre tremble ». ou encore un cœur malheureux : « COMME LA BALLE A TRAVERS LE CORPS
LE SON TRAVERSE la vérité car la RAISON

C'est ton art femme » à cause d'une femme...

En conclusion : Les dessins donnent un premier sens concret au poème mais peu à peu le lecteur déchiffre le texte comme une énigme : difficulté à lire car on ne sait dans quel sens prendre les mots et les phrases : plusieurs sens de lecture. Mais il y a, de plus, plusieurs sens aux mots du poème (polysémie). Ainsi précurseur des poètes et peintres surréalistes (Apollinaire a inventé le mot en 1918) il est également l'héritier des poètes symbolistes du XIXe siècle comme Mallarmé, avec ses poèmes si riches qu'ils en deviennent parfois impossibles à comprendre : « Aboli bibelot d'inanité sonore » : poème objet, poème sonore, fragile comme un oeillet se fanant, un son de mandoline retournant au silence ou un bambou parti en fumée...