Choses
retenues dans les Choses
vues par Victor Hugo (1851-1885)
Azur :
Et
maintenant je suis le proscrit, l'exilé, le banni, le chassé ;
celui qui est à terre, celui qui s'est entêté dans cette sottise
du devoir, celui qui s'est fourvoyé dans l'honneur, celui
que la sagesse, l'habileté, la prudence et le succès ne regardent
plus. Je vois le dos de Baroche1
; j'avais vu sa face assez longtemps, je l'aime mieux de ce côté-là.
Je vis parmi les grèves, au bord de la mer, n'ayant plus guère que
mon chien ; les bêtes seules sont assez bêtes pour me connaître.
De temps en temps les Anglais me reprochent dans leurs journaux ce
qu'ils nomment leur "hospitalité". M. de Salignac-Fénelon2
m'appelle "cet anarchiste". Je vais, je viens, je marche le
long des flots, au hasard, ou dans les bois, ou dans la plaine,
républicain, démagogue, jacques, partageux, buveur de sang, vaincu,
espèce de paria, espèce de loup. Des paysans voient ma figure
française et m'insultent. Je remercie Dieu de ce que les petits
enfants ne me jettent pas des pierres comme à Jean-Jacques. Et
chaque jour je m'enfonce plus avant dans l'isolement, dans la
solitude, dans la sombre nature, dans l'exil, dans l'oubli de ceux
qui m'ont aimé, et il me semble que, comme Baroche, le genre humain
m'a tourné le dos ; et je suis seul, l'âme toute grande ouverte ;
et le ciel me dit : je suis la liberté ; et la liberté me dit : je
suis l'azur!
(Histoire
d'une conscience honnête,
1853)
Bêtes :
Toute
la nuit, j'ai senti des bêtes sur moi. Ce matin, j'ai reconnu que ma
chambre et mon lit étaient hantés par les blattes, les cafards et
les cancrelats. Fourmillement hideux. Cela m'a fait lever au point du
jour.
Nous
avons déjeuné dans les jardins du Cep de Vigne, sur le Rhin.
Nous
partons pour Bâle à midi.
(28
septembre 1869 à Waldschutt, Hôtel du Cep de vigne)
Choux :
Mes
choux reconnaissants me récompensent de ne pas les avoir mangés en
remplissant mon horizon de fleurs jaunes. Tout ce qui n'est pas choux
en fleurs est la mer. Tel est mon jardin.
(mai
1854. Marine-Terrace3)
Coup
d'état :
On
parle toujours de coup d'Etat venant de l'Elysée. L'autre soir Emile
de Girardin4me
disait : « Qu'il y prenne garde ! Louis-Napoléon est
une souris guettée par trois chats : le chat légitimiste, le
chat orléaniste, le chat républicain. S'il a le malheur de sortir
de son trou, ils lui mettront la patte dessus. Et, en ce cas, gare
Vincennes ! »
(octobre
1849)
Curé :
Le
curé de Vianden5
a dit hier dimanche en chaire : « Le diable avait sur
la terre trois religions, les luthéristes, les calvinistes et les
jansénistes. Maintenant, il en a une quatrième, les hugonistes. »
Ce
curé est un vieux brave homme qui possède la seule oie qu'il y ait
dans Vianden. Il va dans les rues avec elle. Ils sont inséparables ;
tantôt l'oie suit le curé, tantôt le curé suit l'oie.
(24
juillet 1871)
Dents :
Jusqu'à
ce jour, j'ai eu mes trente-deux dents. Une du fond branlait depuis
quelques jours. Je l'ai fait arracher par le médecin d'ici, qui est
prussien. Il ne m'a pas arraché ma dent contre la Prusse.
-Mariette
m'annonce qu'une grosse dent pousse dans la petite bouche de Jeanne.
Les siennes viennent, les miennes s'en vont. La vie dit à Jeanne :
« Il te faut des dents pour manger », et à moi :
« tu n'en auras bientôt plus besoin. »
(11août 1871)
Dommage :
Quel
dommage que j'ai été exilé si tard ! J'aurais fait toutes
sortes de travaux, peut-être utiles.
(28
janvier 1864)
Europe :
Il
y a trois jours, le 14 juillet, pendant que je plantais dans mon
jardin de Hauteville-House le chêne des Etats-Unis d'Europe, au même
moment la guerre éclatait en Europe et l'infaillibilité du pape
éclatait à Rome.
Dans
cent ans, il n'y aura plus de guerre, il n'y aura plus de pape, et le
chêne sera grand.
(17
juillet 1870)
Une
guerre entre Européens est une guerre civile.
(Fragments
épars de 1870)
Julie
m'écrit de Guernesey que le gland planté par moi le 14 juillet a
germé. Le chêne des Etats-Unis d'Europe est sorti de terre le 5
septembre, jour de ma rentrée à Paris.
Femmes :
J'ai
retrouvé, place des barricades, la cuisinière de l'an passé,
Virginie. Il ne reste qu'elle de tout le service, plus Philomène, la
bonne du petit Georges, et une nouvelle femme de service, Thérèse,
qui couche dans la chambre voisine de la mienne. Elle est laide.
Flamande, blonde, et ne sait pas son âge. Croit avoir trente-trois
ans. Je lui ai demandé : « Etes-vous mariée ? »
Elle m'a répondu, avec un air tout à fait parisien : « Quelle
horreur ! »
( 8
août 1869)
Cinq
heures du matin. Thérèse. Suisse. Ephèse6.
(10
août1869)
Gargouilles :
Les
gargouilles de Sainte-Waudru sont nombreuses et originales. Ce sont
les démons condamnés à faire le service des eaux sales de
l'église.
(Mons,
16 octobre 1864)
Guillotine :
Je
veux une république ouverte, énorme, bonne, rayonnant toute
l'expansion du ciel et tout l'amour de l'âme humaine, à grandes
ailes, à vaste souffle, tellement immense que tous les progrès s'y
meuvent, que tous les diamètres y prennent le travers qui leur
convient, que toutes les libertés s'y développent et s'y ramifient,
que le point y devienne cercle, que le cercle y devienne sphère, que
la sphère y devienne monde. Vous, votre république est étroite
comme le tranchant de la guillotine.
Brutes !
Il ne s'agit pas de couper des têtes, il s'agit d'ouvrir des âmes.
Gibet :
Vous
pendez cet homme, Monsieur7.
Fort bien. Je vous fais mon compliment. Un jour, il y a quelques
années de cela, je dînai avec vous. Vous l'avez, je suppose,
oublié ; moi, je m'en souviens. Ce qui me frappa en vous, c'est
la façon rare dont votre cravate était mise. On me dit que vous
étiez célèbre par l'art de faire votre nœud. Je vois que vous
savez faire aussi le nœud d'autrui.
(à
L. Palmerston. 11 février 1854)
Homme
qui rit :
Il
m'importe de constater l'insuccès de l'Homme qui rit.
Cet
insuccès se compose de deux éléments : l'un, mon éditeur ;
l'autre, moi.
Mon
éditeur. - Spéculation absurde, délais inexplicables, perte du bon
moment, publication morcelée, retards comme pour attendre le moment
d'engouffrer le livre dans le brouhaha des élections.
Moi.
- J'ai voulu abuser du roman, j'ai voulu en faire une épopée. J'ai
voulu forcer le lecteur à penser à chaque ligne. De là une sorte
de colère du public contre moi.
(1869)
Insulaire:
Un
dernier mot.
Citoyens,
j'ai eu vingt ans devant les yeux le vaste spectacle de la mer. Rien
n'est plus grand, rien n'est plus terrible.Par moments la nuit est si
épaisse, l'eau est si violente qu'il semble qu'on doive désespérer.
La nuit noire fait l'homme aveugle. Le navigateur en marche croit
n'avoir plus autour de lui que le naufrage. Il a sur sa tête un
déchaînement de haines obscures. Il ne sait plus où il est, il ne
sait plus où il va. L'ouverture du sépulcre est partout dans la
vague. Tout à coup il aperçoit à l'horizon une lumière, puis une
autre, puis une troisième. Cette triple clarté, changeante par la
couleur, une par la fixité, c'est le phare. Ce phare, c'est le port,
c'est la vie ; et ceux qui se croyaient perdus sont sauvés.
(Fragments
sans date, postérieurs au retour de l'exil)
J.J :
(Juliette Drouet, née Julienne Joséphine)
Elle
me disait aujourd'hui : « En refaisant seule la promenade
que nous avions faite hier ensemble, ta pensée était avec moi ;
il me semblait, en regardant les pâquerettes dans l'herbe et les
boutons d'or et les pervenches,
Que
ces petites fleurs étaient tous les baisers
Tombés
dans le trajet de ma bouche à ta bouche...8 »
Elle
m 'écrivait : « Toute mon âme veut entrer dans ce
billet et je te griffonne au hasard, comme elle est, et mes pattes de
mouche ont des baisers pour ailes. »
(29
mars 1853)
Kader :
Abd
el-Kader9
mêle Prudhomme à Mahomet.
(Jersey,
juin 1853)
Londres :
Londres.
On se mouche. On retire un mouchoir tout noir. On se mouche encore.
On
frémit de nouveau
D'avoir
la suie anglaise au fond de son cerveau.
(15
août 1864)
Ministres :
Les
ministres actuels sont des carreaux de vitres. On voit le président
au travers.
(novembre
1849)
Note :
Note
sur la situation : Janvier
1849.
Le
premier mois de la présidence de Louis Bonaparte s'écoule. Voici
quelle est la figure en ce moment :
Il
y a maintenant des bonapartistes de la veille. Mme la duchesse
d'Orléans habite, à Ems10,
avec ses deux enfants, une petite maison où elle vit pauvrement et
royalement. M.M Jules Favre, Billaut, et Carteret11
font une cour – politique- à Mme la princesse Mathilde Demidoff12.
Toutes les idées de février sont remises en question les unes après
les autres ; 1849 désappointé tourne le dos à 1848. Les
généreux veulent l'amnistie ; les sages veulent le
désarmement. L'Assemblée constituante est furieuse d'agoniser. M.
Guizot publie son livre de La démocratie en France ;
Louis-Philippe est à Londres, Pie IX est à Gaëte, M. Barrot est au
pouvoir ; la Bourgeoisie a perdu Paris ; le catholicisme a
perdu Rome. Le ciel est pluvieux et triste avec un rayon de soleil de
temps en temps. Mlle Ozy se montre toute nue dans le rôle d'Eve à
La Porte-Saint-Martin ; Frédérick Lemaître y joue l'Auberge
des Adrets. Le cinq13
est à soixante-quatorze ; les pommes de terre coûtent huit
sous le boisseau ; on a un brochet pour vingt sous à la Halle.
M. Ledru-Rollin pousse à la guerre ; M. Proudhon pousse à la
banqueroute. Le général Cavaignac assiste en gilet gris aux séances
de l'Assemblée et passe son temps à regarder les femmes des
tribunes avec de grosses jumelles d'ivoire. M. de Lamartine reçoit
25000 francs pour son Toussaint Louverture. Louis Bonaparte
donne de grands dîners à M. Thiers qui l'a fait prendre et à M.
Molé qui l'a fait condamner. Vienne, Milan, Berlin se calment. Les
révolutions pâlissent et semblent partout s'éteindre à la
surface, mais un souffle profond remue toujours les peuples. Le roi
de Prusse s'apprête à ressaisir son sceptre et l'empereur de Russie
à tirer son épée. Il y a eu un tremblement de terre au Havre ;
le choléra est à Fécamp ; Arnal quitte le Gymnase, et
l'Académie nomme M. le duc de Noailles à la place de Chateaubriand.
(1849)
Nourriture :
Hier
j'ai mangé du rat, et j'ai eu pour hoquet ce quatrain :
O
mesdames les hétaïres,
dans
vos greniers je me nourris ;
Moi
qui mourais de vos sourires
Je
vais vivre de vos souris.
(…)
- J'espère sauver le cheval de Th. Gautier.
- Alexandre Dumas est mort le 5 décembre. En feuilletant ce carnet, j'y vois que c'est le 5 décembre qu'un grand corbillard, portant un H, a passé devant moi rue Frochot.
- Ce n'est même plus du cheval que nous mangeons. C'est peut-être du chien ? C'est peut-être du rat ? Je commence à avoir des maux d'estomac. Nous mangeons de l'inconnu.(30 décembre 1870)Décidément, je digère mal le cheval. J'en mange pourtant. Il me donne des tranchées. Je m'en suis vengé au dessert, par ce distique :Mon dîner m'inquiète et même me harcèle,J'ai mangé du cheval et je songe à la selle.
Les
Prussiens bombardent Saint-Denis.
(1er
janvier 1871)
Oeuf
ou oignons ?
Un
œuf coûte 2 frs. 75. La viande d'éléphant14
coûte 40 frs. La livre. Un sac d'oignons, 800 frs.
Oubliettes :
Entre
deux pluies, je suis allé voir le manoir. Il apparaît à un
tournant, dans une forêt, au fond d'un ravin ; c'est une
vision. Il est splendide. Il se compose de deux châteaux, un du
XVIIe siècle, habitable et habité, et un du XIe au XIVe siècle,
roman et gothique, en ruines. Ruine magnifique. Une énorme
tour-donjon que j'ai dessinée. A cette tour se rattache toute la
forteresse écroulée, murs, tours, tourelles, salles effondrées,
créneaux, mâchicoulis. A droite en entrant dans le donjon, le puits
des oubliettes, soigneusement comblé. Les seigneurs actuels effacent
volontiers le souvenirs des seigneurs d'autrefois. Je remarque
partout, sur le Rhin comme dans les Ardennes, cette destruction
sournoise et systématique des oubliettes. On ne veut pas montrer le
passé sous son vrai jour, qui est hideux.
(12
juin 1871, Beaufort)
Portrait :
« Où
sont vos archives ? Je voudrais voir les dossiers relatifs au
siège de 1814 où mon père commandait. » Il m'a répondu :
« Nous n'avons plus d'archives. Tout est brûlé. Nous
avions, dans la grande salle de la mairie où se tenait le conseil
municipal, le portrait de votre père. La salle a été brûlée, le
portrait aussi. » J'ai répondu : « Tant
mieux. Du moins mon père n'est pas prisonnier de la Prusse. Il
méritait d'être tué ici en effigie avec votre liberté. »
(30 août 1871,
Thionville15)
Quatre-vingt
treize :
« Je
commence à écrire le livre Quatre-vingt treize (Premier récit).
J'ai dans mon cristal-room, sous mes yeux, le portrait de Charles et
les deux portraits de Georges et de jeanne. J'ai pris l'encrier neuf
de cristal acheté à Paris, j'ai débouché une bouteille d'encre
toute neuve, et j'en ai rempli l'encrier neuf, j'ai pris une rame de
papier de fil acheté exprès pour ce livre, j'ai pris une bonne
vieille plume et je me suis mis à écrire la première page. »
(21
novembre 1872)
République :
« Ces
trois éléments réunis : Liberté, Egalité, Fraternité,
constituent le Droit. Ils sont indivisibles, et ces trois principes
n'en forment qu'un. L'état qui résulte de ce triple principe
indivisible est la seule forme sociale légitime. Il s'appelle
République.
De
l'indivisibilité des principes naît la solidarité des citoyens.
Qu'est-ce
que le peuple ? C'est l'homme associé à l'homme. L'homme est
souverain avant le peuple. La souveraineté du peuple se compose de
tout ce que concède la souveraineté de l'homme. La souveraineté de
l'homme ne relève que du droit.
La
souveraineté du peuple a un organe : le suffrage universel.
Toute souveraineté collective se départage et entre dans l'action
par les majorités. Le suffrage universel ne pouvant remplir sa
fonction qu'à la condition d'être éclairé, la République allume
le plus de lumière possible autour du suffrage universel. Toutes les
libertés sont ces lumières : liberté de la presse, liberté
de la parole, liberté d'association, liberté religieuse, liberté
civile.
Le
droit, c'est la souveraineté de l'homme sur lui-même. La
souveraineté du peuple ne peut rien contre le droit. Elle en dérive.
L'effet n'a pas d'action sur la cause. La souveraineté du peuple ne
peut aliéner le droit ni aucune partie du droit. Elle en a
l'usufruit, rien de plus. Tout individu est un exemplaire du droit,
exemplaire entier, complet, vivant, indestructible en tant qu'atome
moral. La souveraineté du peuple ne peut ni annuler ni amoindrir un
seul de ces exemplaires du principe qu'on appelle les citoyens. Le
collectif ne peut abolir l'individuel.
(fragments,
fin mai-début automne 1860)
Scrutin :
« Académie16.
Election pour feu Vatout.
Il
n'y a que 27 votants. M. de Pongerville, mon voisin, m'a dit :
« Depuis que je suis de l'Académie, c'est la seconde fois que
je vois cela.
Premier
tour
Majorité
14.
Saint-Priest..............10
Nisard...................... 8
Saintine...................
3
Chasles...................
4
Balzac..............
2 Vigny17
et moi.
Deuxième
tour
Saint-Priest..............10
Nisard......................
11
Saintine...................
3
Chasles...................
-
Balzac....................
1 moi.
Troisième
tour
Saint-Priest..............14
Nisard......................
12
Saintine...................
1
Balzac....................
-
Tout
ceci est un rien entouré de peu de chose. »
(Janvier
1849)
Thiers
(Adolphe)18 :
« M.
Thiers (sur l'expédition de Rome19).
- « C'est une entreprise qui devait se faire jour le canon à
la main. » (Bravo!) »
(12
juin 1849)
Torture :
Revu
le musée. Je revois les instruments de torture. La grande lame
servait à briser les membres sur la roue. Les petites menottes à
écrous servaient à réunir les pouces des mains et les orteils des
pieds en X dans le même écrasement ; on suspendait, par les
pouces et les orteils ainsi reliés, les torturés au-dessus d'un
brasier ; on ne les brûlait pas, on les cuisait. Le collier à
pointes servait à faire mourir les condamnés par la privation de
sommeil. Ils étaient debout le cou dans ce collier rattaché au mur
par quatre cordes. Si leur tête fléchissait sous le sommeil, un
coup de bâton sur les cordes les réveillait en lur enfonçant dans
le cou les pointes du collier.
(12
octobre 1864, à Ypres)
Unique :
Napoléon
III. Il est possible qu'il y ait trois Napoléon. Mais ce que
j'affirme, c'est qu'il n'y en a pas deux.
(Juin
1853)
Volontés :
Je
veux un système d'impôts qui ne dépouille pas le pauvre.
- Vous êtes un ennemi de la propriété.
- Je veux remédier à un ensemble de faits sociaux qui font fatalement du malheureux un misérable, et sous le poids desquels tant d'infortunées mères mettent au jour des filles pour le lupanar et des fils pour le bagne.
- Je veux remédier à un ensemble de faits sociaux qui font fatalement du malheureux un misérable, et sous le poids desquels tant d'infortunées mères mettent au jour des filles pour le lupanar et des fils pour le bagne.
- Vous êtes un ennemi de la famille.
- Je veux un clergé non salarié, libre, pur, digne, pratiquant Jésus et non Loyola.
- Vous êtes un ennemi de la religion.
- Je veux le gouvernement régulier et pacifique de tous par tous et pour tous.
- Vous êtes un ennemi de la société
- Je veux la suppression de la guerre.
- Vous êtes un ennemi de l'humanité.
- Je veux l'abolition de la peine de mort.
- Vous êtes un buveur de sang.
dialogue,
18 décembre 1850
Vomitif :
A
de certaines époques, les lâches s'étalent, les traîtres
s'élargissent, les fourbes tiennent publiquement de la place, une
vaste turpitude publique brille au soleil, et à voir tout ce qu'il y
a sur le pavé, il semble que la France ait pris un vomitif.
(1869)
Waterloo :
J'ai
fini Les Misérables sur le champ de bataille de Waterloo et
dans le mois de Waterloo.
(30
juin 1861)
x
:
Je
te fourbirai de caresses.
(1864)
Yeux :
Il
y a dans l'église de Nivelles20
un bas-relief remarquable. La Mort est assise sur un tombeau. L'Amour
vient à elle. L'Amour se couvre les yeux de sa main. C'est beau, cet
éblouissement de la nuit par la lumière.
(7
mai 1861)
Zélandais :
Nos
excellents chevaux nous entraînent rapidement à travers les arbres,
les prairies, les pâturages, les villas et les métairies et les
jolis villages lavés, balayés et peints à neuf ; les cochons
sont débarbouillés, le fumier est propre. Les belles maisons de
campagne abondent.
Au
seizième siècle, la mer était là et une bataille navale s'y livra
entre les Espagnols et les Hollandais. Rien d'étrange pour la pensée
comme la vision d'un choc de navires furieux se canonnant dans
l'ouragan et dans les écumes, superposée à ce paysage de jardins
et de maisons blanches où l'on entend bêler les brebis.(...)
-Monsieur,
il y a trois ans, cette même calèche et ces mêmes chevaux ont fait
faire la même promenade au roi. - M. Van Maenen a repris : - Il
y a trois ans, cette voiture a porté le roi de la petite Hollande.
Aujourd'hui, elle porte le roi de la grande République universelle.-
J'ai dit à M. Van Maenen : - Pas de roi. - C'est juste, a-t-il
repris, le chef. - Ni roi, ni chef. - Et j'ai ajouté :
Egalité.
(Zierykzée,
1867)
1Ministre
de la Justice de Napoléon III
2Dans
l'armée de Napoléon III
3Nom
de la maison de Victor Hugo à Jersey
4Journaliste
fondateur du journal La Presse (ayant lancé le principe des
romans-feuilletons)
5Ville
au Luxembourg
6Cryptogramme
érotique pour : seins (la Suisse productrice de lait...) et
fesses (calembour). Quoique qualifiée de « laide »,
Thérèse n'a pas laissé Hugo insensible.
7Henry
John Temple dit Lord Palmerston, homme politique britannique.
8Extrait
du poème LVIII du recueil Toute la lyre de Victor Hugo
9Homme
de lettres algérien qui s'est opposé à La France et au
colonialisme ; poète comme Sully Prudhomme.
10Bad
Ems : Ville d'eau en Prusse
11Jules
Favre, avocat et homme politique, était un opposant à la monarchie
de Juillet / Adolphe Billault d'abord opposant aussi, reviendra
parmi les proches de Louis Bonaparte / Nicolas Henri Carteret
soutiendra le coup d'état de Louis-Napoléon Bonaparte.
12« Princesse
Mathilde » fiancée en 1835 au futur Napoléon III (Louis
Bonaparte) vient de se séparer de son mari, comte russe. Elle fait
office de maîtresse de maison au palais de l'Elysée pour
Louis-Napoléon Bonaparte, officiellement célibataire, amant de
l'Anglaise divorcée Hariet Howard.
13Désigne
un taux d'intérêt (à la Bourse)
14La
Commune de Paris a mis la Capitale dans un état de siège ;
les animaux du Jardin des Plantes ont rejoint le rang des victimes
(beefsteak d'ours, cuisse d'antilope à la table de Hugo)
15Sur
les pas du général Hugo, son père, ayant défendu Thionville en
1814 et 1815, ville perdue par la France en 1871
16L'Académie
française compte 40 fauteuils. Un nouvel académicien est élu
quand un ancien décède. Balzac ne sera jamais élu et Victor Hugo
a été académicien de 1841 à sa mort, le 22 mai 1885. Il occupait
le fauteuil 14, sur lequel leconte de Lisle lui succéda en 1886 et
occupé actuellement par une femme : Hélène Carrère
d'Encausse.
17Poète
romantique appartenant au « Cénacle » de Victor Hugo
18Homme
politique français élu à l'Académie avant Victor Hugo, opposé
aux Romantiques.
19L'expédition,
puis le siège de Rome visait à rendre la ville au pape Pie IX, mis
à mal par la Révolution italienne.
20Ville
de Belgique francophone
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