mercredi 13 avril 2016

Les animaux malades de la Peste...récriture d'Oedipe-roi de Sophocle !

Les animaux malades de la Peste, Jean de La Fontaine (XVIIe)
(Cet extrait n'est que le début de la fable)

Un mal qui répand la terreur,
Mal que le Ciel en sa fureur (1)
Inventa pour punir les crimes de la terre,
La Peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom),
Capable d'enrichir en un jour l'Achéron, (2)
Faisait aux animaux la guerre.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :
 On n'en voyait point d'occupés
A chercher le soutien d'une mourante vie ; (3)
Nul mets n'excitait leur envie ;
Ni Loups ni Renards n'épiaient
La douce et l'innocente proie.
Les Tourterelles se fuyaient ;
Plus d'amour, partant (4) plus de joie.
Le Lion (5) tint conseil, et dit : Mes chers amis,
Je crois que le Ciel a permis
 Pour nos péchés cette infortune ;
 Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux ;
Peut-être il obtiendra la guérison commune.

Notes :

(1) "Se dit quelquefois de la colère de Dieu" (dict. de l'Académie 1694)
(2) dans la mythologie : Fleuve des Enfers, frontière du royaume des Morts. Allusion à la peste de Thèbes décrite par Sophocle dans Oedipe-Roi
 
(3) à chercher à se nourrir
 
(4) par conséquent
(5) le lion traditionnellement représente le roi.

Scène d'exposition de la pièce de Sophocle :

LE PRÊTRE
Eh bien ! Je parlerai. Ô souverain de mon pays, Œdipe, tu vois l’âge de tous ces suppliants à genoux devant tes autels. Les uns n’ont pas encore la force de voler bien loin, les autres sont accablés par la vieillesse ; je suis, moi, prêtre de Zeus ; ils forment, eux, un choix de jeunes gens. Tout le reste du peuple, pieusement paré, est à genoux, ou sur nos places, ou devant les deux temples consacrés à Pallas, ou encore près de la cendre prophétique d’lsménos. Tu le vois comme nous, Thèbes, prise dans la houle, n’est plus en état de tenir la tête au-dessus du flot meurtrier. La mort la frappe dans les germes où se forment les fruits de son sol, la mort la frappe dans ses troupeaux de bœufs, dans ses femmes, qui n’enfantent plus la vie.
Une déesse porte-torche, déesse affreuse entre toutes, la Peste, s’est abattue sur nous, fouaillant notre ville et vidant peu à peu la maison de Cadmos, cependant que le noir Enfer va s’enrichissant de nos plaintes, de nos sanglots. certes ni moi ni ces enfants, à genoux devant ton foyer, nous ne t’égalons aux dieux ; non, mais nous t’estimons le premier de tous les mortels dans les incidents de notre existence et les conjonctures créées par les dieux. Il t’a suffi d’entrer jadis dans cette ville de Cadmos pour la libérer du tribut qu’elle payait alors à l’horrible chanteuse.

Tu n’avais rien appris pourtant de la bouche d’aucun de nous, tu n’avais reçu aucune leçon : c’est par l’aide d’un dieu — chacun le dit, chacun le pense — que tu as su relever notre fortune. Eh bien ! Cette fois encore, puissant Œdipe aimé de tous ici, à tes pieds, nous t’implorons. Découvre pour nous un secours. Que la voix d’un dieu te l’enseigne ou qu’un mortel t’en instruise, n’importe !

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